Trois fois la fin du monde

Sophie Divry a le chic pour parler de sujets sérieux sans se prendre au sérieux. Son dernier roman est scindé en deux parties : la prison et la survie post-apocalyptique. Bref, que du joyeux ! Mais elle y a glissé toute la poésie et l'humanité qui pourtant devraient en être absentes, pour en faire – encore une fois – une belle pépite.

La vie de Joseph bascule le jour où, pour lui éviter de gros ennuis, il décide d'aider son braqueur de frère. Résultat, le frangin est tué et Joseph jeté en prison. Pour la sérénité, on repassera ; bienvenue en revanche dans une belle descente aux enfers. L'univers carcéral fait froid dans le dos, d'autant plus qu'il semble très crédible. Comment imaginer que quiconque puisse sortir indemne d'un tel avilissement ?

Et puis un jour, plus rien, le monde n'existe plus et il faut survivre. Dans cette immensité solitaire, l'homme va faire la paix avec lui-même et se reconstruire petit à petit. Un toit, des lé...

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Fief

Si je devais résumer ce livre en un mot, je choisirais "Ennui".

Pas l'ennui du lecteur non, l'ennui leitmotiv, lancinant, usant. L'ennui symbole d'une génération perdue, sans envie ni ambition. L'ennui de l'horizon trop loin que l'on préfère cacher derrière un joint. L'ennui qui appelle l'ennui.

Ecrire sur l'ennui sans être ennuyeux, pas facile ! C'est pourtant un exercice qu'a plutôt réussi David Lopez. Alors certes, il y a des temps longs, certes ce n'est pas un bouquin qu'on dévore en quelques heures, mais dans l'ensemble j'ai plutôt apprécié cette immersion dans l'univers gris de jeunes dés½uvrés. Perdants avant même de commencer la partie, ils surnagent faiblement, souffrant plus du manque d'envie que de réelles discriminations. Ils m'ont tout de même semblé un peu trop lisses ces gentils lascars ; je n'ai pas retrouvé en eux la détresse sourde qui hante les banlieues. Alors soit (et c'est tant mieux) les jeunes...

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Le début de la fin

J'aime toujours autant l'univers extravagant de Jasper Fforde ! Les volumes se suivent, se ressemblent, et pour autant ne perdent rien de leur saveur. C'est complètement paradoxal d'ailleurs, plus j'avance dans la série et moins je vois les ficelles (il faut dire que ça part tellement dans tous les sens que les ficelles ressemblent plutôt à une pelote de laine angora... crêpée...). Je devrais sentir venir les arnaques, je devrais voir les fusils de Tchekhov planqués un peu partout... et pourtant je suis tellement happée que je me fais avoir comme une bleue à chaque fois !

Dans ce 5ème volume, on retrouve Thursday 14 ans plus tard, flanquée de deux gamines brillantes et d'un Friday adolechiant, d'un Landen toujours aussi parfait, d'un boulot de vendeuse de moquettes, et de deux doubles de fiction aussi similaires qu'une autruche et une boîte de conserve. Entre trafic de fromage explosif, paradoxes temporels, excédent de bêt...

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Comment t'écrire adieu

« Comment t'écrire adieu » fait partie de ces bouquins empruntés sur un coup de tête et dévorés d'une traite. Le sujet pourtant ne m'emballait pas (si les histoires d'amour ne sont pas ma tasse de rhum (le thé non plus !), celles de rupture le sont encore moins !), mais j'adore Juliette Arnaud. Avec sa plume franche et ciselée, elle pourrait me parler d'économie slovaque durant l'entre-deux-guerres que je boirais encore ses mots comme du nectar, alors va pour le chagrin d'amour.

Je ne sais pas si on peut vraiment classer ce texte dans la catégorie Roman, mais où le mettre alors ? Autobiographie ? Recueil de nouvelles ? Non, pour moi c'est un Inclassable qui mêle allègrement introspection, musique, anecdotes, romance et surtout magie des mots. En partant d'une histoire d'amour chaotique (mais somme toute banale), de flash-back en aparté on finit par aborder moult sujets, des plus triviaux (les cheveux rebelles !) aux plus lourds (l...

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Chien-Loup

Je suis assez étonnée du flot de critiques positives reçues par ce roman. En effet, bien que j'en aie apprécié certains aspects, l'ensemble m'a paru plutôt fade.

S'il y a bien un point qui m'a agacée tout au long de ma lecture, c'est la redondance ! A tel point que j'ai fini par me demander si l'auteur n'était pas devenu sénile tellement certaines répétitions étaient grossières (même si j'imagine que c'est plutôt le travail de relecture qui a pêché…) Concernant l'histoire en elle-même, j'ai été gênée par l'absence d'une intrigue solide. J'ai eu l'impression que l'auteur avait privilégié l'idée générale au détriment de la cohérence de l'ensemble. Je suis pourtant friande des romans d'ambiance "où il ne se passe rien", mais j'ai eu ici le sentiment d'un soufflé mal cuit, qui retombe avant même d'être monté. De ce qui aurait pu faire une merveilleuse nouvelle, il ne restera qu'un roman vite oublié...

Le principe de l'alt...

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Fils de dragon

Ma PAL*, et même ma PEC** dépassent ces temps-ci tous les records, aussi avais-je décidé de ne plus rien y ajouter jusqu'à ce qu'elles aient diminué de façon significative. Mais quand en parcourant par curiosité la liste de la dernière Masse Critique, je suis tombée sur cet ouvrage que je ne connaissais pas de la grandissime Pearl Buck, je n'ai pas pu résister !

Pearl Buck, c'est une de mes premières rencontres littéraires et surtout un de mes plus gros coups de foudre : elle m'a appris ce que c'était que d'être une femme quand je n'étais encore qu'une enfant. Elle m'a appris tant de choses sur la vie, elle m'a fait tant comprendre sur moi-même. Vent d'Est, vent d'ouest, Pavillon de femmes, La m...

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Mon traître (BD)

J'ai tellement aimé le roman (si vous me suivez régulièrement vous devez savoir à quel point j'admire, j'adule, j'idolâtre Sorj Chalandon !) que l'adaptation graphique pour moi, c'était un peu quitte ou double... Et même si mon domaine de prédilection reste plutôt les mots que les images, le verdict est clair : c'est double !

J'ai trouvé cette bande-dessinée extrêmement forte. L'auteur a su mettre en valeur les mots de Sorj Chalandon par un graphisme sobre mais terriblement bouleversant. Les tons monochromes contribuent à appesantir l'atmosphère et les yeux des personnages d'encre sont plus parlant que des mots.

A quand l'adaptation de Retour à Kyllibegs ?

L'étrange disparition d'Esme Lennox

L'étrange disparition d'Esme Lennox est un véritable petit bijou, comme je n'en avais pas lu depuis longtemps. Une plongée au c½ur de la terrifiante condition féminine au début du XXe siècle, de l'esclavage des convenances, des tabous et des interdits. Entre hier et aujourd'hui, entre l'Inde et l'Ecosse, et les souvenirs décousus des deux s½urs, on (re)découvre aux côtés d'Esme son histoire tragique. Je n'en dirais pas plus sur l'intrigue, je préfère vous laisser découvrir ce magnifique roman "à tâtons", c'est tout ce qui fait son charme. Et surtout, si comme moi vous peinez à passer les premières pages, accrochez-vous ! Vous verrez, quand la magie opérera vous serez totalement happés par l'univers brumeux, moite et oppressant de cette pépite bouleversante.

Pour finir, je voudrais remercier Maggie O'Farrell (même si je doute qu'elle vienne lire cette critique !) de m'avoir rappelé la chance que j'ai d'être née dans les années 80.

Le siècle t.3 - Aux portes de l'éternité

Le problème avec ces sagas qui s'étalent sur plusieurs générations, c'est qu'on ne sait jamais quand il faut s'arrêter. J'aimerai savoir ce qui va arriver à Jack, Jonh-Lee, Alice ou Gricha... d'autant qu'ils sont presque de ma génération, mais d'un autre côté il faut bien conclure à un moment. Et pour tout dire, ce troisième tome est presque déjà de trop. En effet, outre l'artificialité des relations historiques des protagonistes, certains passages sont simplistes, à la limite du grotesque. Par exemple, quand le jeune George, ardent pacifiste apprend qu'un avion espion a été abattu au dessus de Cuba et qu'il retourne sa veste aussitôt. Ou quand Rebecca est contrainte d'abandonner une opportunité en or pour des raisons familiales, et que cette opportunité attend bien gentiment la fin de ses problèmes pour se représenter à l'identique.

En bref, j'ai été ravie de traverser le XXe siècle au côté de ces 4 familles, j'ai appris certaines choses, en ai revues d'autres, mais mainten...

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Le siècle t.2 - L'Hiver du monde

Après la der des ders dans le tome 1, place aux guerres anti-fascistes dans le tome 2. Et si je compte bien, ça devrait nous laisser la guerre froide pour le tome 3 !

J'ai trouvé "L'hiver du monde" un peu moins abouti que le premier volet : un peu plus maladroit et – oserai-je ? – un peu trop marketé. Les idéologies politiques sont présentées de façon simpliste, la psychologie des personnages est trop convenue – mis à part Erik qui se fourvoie dans le "prêt-à-penser", ils sont tous d'une droiture morale souvent invraisemblable. De plus, vers la fin certaines scènes semblent tomber comme un cheveu sur la soupe, donnant l'impression d'un assemblage d'anecdotes sans réel lien.

Mais qu'à cela ne tienne, ça fonctionne ! Ken Follet est un conteur hors pair qui sait donner vie à ses histoires et happer ses lecteurs. Et finalement, c'est tout ce qu'on lui demande !

PS : C'est peut-être une broutille, mais pourquoi avoir changé...

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