La chambre ardente

Chambres closes et meurtres impossibles : le champ de prédilection de John Dickson Carr. La chambre ardente n'est pas à mon sens son meilleur roman mais étrangement c'est son plus connu. On y retrouve tous les ingrédients du genre : une mort ambiguë, un cadavre disparu, des suspects tous plus louches les uns que les autres, et en prime une pincée de surnaturel avec une empoisonneuse vieille de plusieurs siècles et des non-morts qui traversent les murs...

Un bon moment de lecture, mais sans plus.

La bête qui meurt

Encore une fois je me décide à découvrir un auteur après sa mort, ça commence à devenir une (mauvaise) habitude ! Philip Roth c'est un monument, alors forcément on s'en approche délicatement. Mais très vite, l'appréhension se transforme en respect et la timidité en gourmandise. Il n'y a rien à dire, le talent c'est le talent !

La bête de son roman, c'est David Kepesh, le narrateur. Et s'il ne se meurt pas au sens littéral, il est tout de même sur la pente descendante de sa vie. Éminent professeur d'université, personnalité médiatique et Don Juan insatiable, il est l'incarnation de l'émancipation des corps et des esprits propre aux années 70. Dans une analyse crue mais non moins clairvoyante, il revient sur la liaison qui a marqué ses dernières années. Consuela, une jeune cubaine de bonne famille, guindée et déroutante, catalyseur d'émotions insoupçonnées, qui de son corps, son regard fier et surtout de ses seins l'a fait chanceler. Il aborde dans ces pages son tr...

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Grand Frère

Bien que j'aie terminé ma lecture depuis plusieurs semaines, cette chronique a eu du mal à voir le jour. Quand un roman me touche vraiment, j'ai toujours du mal à le mettre en mots, et surtout à assembler mes ressentis de façon cohérente. J'espère y être parvenue.

Grand frère est un ex-délinquant devenu chauffeur Uber en Seine-Saint-Denis. Petit frère est un ex-infirmier parti pour sauver des vies en Syrie. Tous deux sont franco-syriens, ni tout à fait Français ni vraiment Syriens, morcelés, n'appartenant finalement à aucune terre. Mais unis par un amour fraternel puissant, violent. Incandescent.

L'un après l'autre, sans clichés ni fausse pudeur, ils se livrent. Le besoin viscéral, chacun à sa manière, de tout envoyer valser, de tout "niquer" pour changer le monde. Le manque de racines qui les étouffe progressivement. Et surtout l'absence. De leur mère décédée, de leur père dépassé, de leur grand-mère décrépite. Et surtout d'eux. Les frères incompris, séparés par la d...

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Le dernier gardien d'Ellis Island

Gaëlle Josse est multiple. Son regard de journaliste, sa bienveillance de psychologue et surtout ses mots de poète insufflent à ses écrits une épaisseur saisissante. Elle plonge au c½ur de l'humain, dévoilant les émotions intimes comme autant de pierres à l'édifice d'une âme, sans jamais juger, toujours en pudeur.

Dans Le dernier gardien d'Ellis Island, c'est John Mitchell, l'ultime employé du centre qui nous ouvre les portes de sa mémoire. En près d'un demi-siècle, il aura vu défiler hommes, femmes et enfants ; il aura vu défiler l'Histoire. Revenant sur les évènements qui ont marqué sa vie, il s'interroge sur le bien-fondé de ses actions, se laisse aller aux chagrins et aux remords, nous traînant avec lui vers une réflexion nostalgique mais surtout houleuse.

Un roman aux thèmes universels et intemporels : l'exil, la passion, la force des regrets et partout la solitude. Solitude des expatriés qui ont tout abandonné pou...

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Career of Evil

Si vous avez apprécié The Cuckoo’s Calling, si vous avez aimé The Silkworm, alors il y a fort à parier que vous allez adorer Career of Evil. En effet, là où beaucoup d’auteurs de polars s’essoufflent au fil de leur production, JK Rowling – alias Robert Galbraith – monte en puissance à chaque tome.

Dans cette nouvelle aventure, Strike et Robin se trouvent confrontés à un tueur en série aux tendances "dépeçantes" qui veut se venger du premier en s’attaquant à la seconde. De fait, l’enquête va prendre un tour beaucoup plus personnel, et lever quelques voiles sur le passé et la psychologie de nos deux h...

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Cosme

J'ai fait ma groupie. J'ai acheté Cosme parce que j'adore écouter Guillaume Meurice sur France Inter et que je voulais savoir ce qu'il donnait en tant qu'auteur. Et j'ai vu. Littéralement bluffée la Koko ! Avalé en quelques heures, je sais déjà qu'il sera relu, plus calmement, pour mieux le digérer, pour en retirer toute la substantifique moelle. Ou dit plus simplement : ce bouquin est une tuerie !

Avec Cosme, Guillaume Meurice entre par la grande porte dans le cercle restreint à mon sens des grands écrivains. De ceux qui manient les mots autant que les idées. De ceux qui se lisent comme du miel, comme du nectar. De ceux qui se dévorent.

L'esprit de l'homme a trois clés qui ouvrent tout : le chiffre, la lettre, la note. Savoir, penser, rêver. Tout est là.

En référence à cette magnifique citation d'Hugo en épigraphe, il allie le chiffre et...

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La disparition de Josef Mengele

Josef Mengele, médecin sadique et névrosé, obsédé par les jumeaux et les yeux bleus qu'il collectionnait, fascine l'imaginaire collectif depuis plus de 60 ans. Petit capitaine SS, il n'a ni l'envergure militaire d'un Adolf Eichmann ni la folie meurtrière d'un Klaus Barbie et pourtant, ses exactions sont tout aussi effroyables. Expérimentations barbares, inoculation d'infections mortelles, meurtres de dizaines de milliers de juifs par chambre à gaz, l'ange de la mort s'est rassasié à Auschwitz puis il s'est caché en Amérique du Sud jusqu'à la fin de ses jours. Sans jamais avoir été jugé pour ses crimes mais traqué, tourmenté, terrorisé au moindre regard posé sur lui, fut-il il libre pour autant ? C'est là toute la question.

De ses débuts flamboyants dans l'Argentine de Perón à sa fin misérable dans une favela Brésilienne, on va vivre la cavale de Mengele de l'intérieur. Difficile de savoir jusqu'où le comportement et surtout la mentalité qu'Olivier Guez lui prête sont ré...

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The Silkworm

Quand son sulfureux écrivain de mari disparait pour la énième fois, la pauvre Leonora Quine, précédemment échaudée par la police, se tourne vers Cormoran Strike pour le retrouver. Mais cette fois-ci, on est loin d'une simple fugue d'époux volage. Notre héros va alors devoir se plonger dans le milieu de l'édition littéraire – vraiment pas plus reluisant que celui de la mode – et dans un roman mis en abyme pour le moins déroutant...

J'ai trouvé ce second volet des aventures de Cormoran Strike nettement plus abouti que le premier. Le personnage de Robin – que j'aime tellement – a été mieux mis en valeur, notamment ses relations ambiguës avec son gros niais de Matthew et son gros balourd de patron. L'intrigue quant à elle m'a tenue en haleine jusqu'au bout, je n'ai rien vu venir. Par sa trame un peu trop évidente, The Cucko...

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Felix Austria

Stanislaviv, début du XXe siècle. C'est dans cette ville reculée de l'empire Austro-Hongrois – actuellement localisée en Ukraine – que vit le docteur Anger. Après l'incendie de sa maison, devenu veuf et père célibataire d'une petite Adèle, il prend sous son aile Stefania la fille de ses domestiques qui ont également péri lors du drame. Les deux fillettes vont grandir dans une étrange promiscuité, tantôt s½urs, tantôt maitresse et servante, tantôt amies, tantôt plus que ça... le lien qui les unit est trouble et dangereux.

Voilà pour le pitch. Mais ce qui fait la qualité de ce roman ne se trouve pas tant là que dans la façon dont il est écrit. Il est impressionnant de de voir à quel point le style littéraire slave est particulier. Il y a du Tolstoï, du Pouchkine, du Tchekhov dans ce roman de Sofia Andrukhovych. Sans en être particulièrement friande, je dois reconnaître qu'il faut un sacré talent pour réussir à narrer sur plusieurs pages l'achat d'une tanche au marc...

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En attendant Bojangles

Que dire quand on vient de tourner la dernière page du premier livre d'Olivier Bourdeaut ? Quels mots pourraient bien décrire ce que l'on peut ressentir à l'issue d'un tel roman ? Quels mots surtout pourraient réussir à n'en rien l'atténuer ?

Il n'est pas toujours nécessaire de savoir où l'on s'engage pour goûter, savourer, apprécier. Certains romans sont plus forts lorsqu'ils sont effeuillés à l'aveugle, mot à mot, sans autre indice que leur titre souvent aussi mystérieux qu'eux. Pour tout dire, j'ai relevé un certain nombre de défauts au fil de cette lecture, mais la vague de légèreté qui m'a enveloppée les a tous engloutis, ne me laissant que le plaisir, et un goût sucré-amer sur le bout de la langue.

En attenant Bojangles n'est pas un roman, c'est un poème sensuel, une ode à la folie, une symphonie d'amour, un hymne à la vie...