Les morues

(Titiou Lecoq)

  Ma note : 16/20

  • Roman Contemporain
  • Bibli

    Conseillé par Saria


    J'ai été réellement séduite par ce roman, je suis même à deux doigts de le classer dans mes coups de c½ur, il lui manque juste un petit je-ne-sais-quoi que je n'arrive pas à identifier pour le rendre exceptionnel. Malgré tout, Les morues ont été pour moi une charmante compagnie que j'ai quittée avec regret et un brin de nostalgie.

    Titiou Lecoq nous offre ici un surprenant roman à plusieurs niveaux de lecture. En effet, on peut simplement s'intéresser à l'intrigue qui, malgré quelques ficelles un peu "faciles" n'en reste pas moins originale et bien menée. Mais le roman ne s'arrête pas là, bien au contraire. Cette intrigue élémentaire n'est qu'un prétexte à une série de réflexions sur notre société : Quelle est la place du couple dans la vie des femmes ? Comment concilier liberté, féminisme, sexe et amour ? Que signifie au fond "réussir sa vie" ? Doit-on toujours viser plus haut ? Qu'est-ce que la normalité, et au fond, existe-t-elle ? Au travers de leurs remises en questions, Les morues nous poussent à mener sur nous-même une véritable introspection. La lecture est rendue pleinement vivante par les caractères différents et complémentaires des protagonistes, permettant au lecteur de s'identifier à l'un ou l'autre. Personnellement, je me suis étrangement reconnue dans le personnage de Fred (même si mon blog anonyme à moi n'a jamais eu le moindre succès !). Son aspiration à se fondre dans la masse, son obsession à masquer ses capacités, son ignorance évidente des codes régissant les rapports humains, son ambivalence protégé/protecteur vis-à-vis d'Ema… autant d'émotions qui résonnent en moi. Je suis un Fred en puissance !

    S'il y a une facette du roman que j'ai moins aimé, c'est assurément la réflexion économico-politique, l'enquête sur la RGPP, la vilaine droite libérale prête à tout. Je ne suis certainement pas la meilleure personne pour parler de la pertinence de propos politiques, mais j'ai trouvé l'ensemble trop lisse, trop caricatural. J'ai du mal à imaginer la politique comme un monde manichéen peuplé de requins capitalistes ne pensant qu'à s'en mettre plein les poches. Je suis peut-être idéaliste.

    Quant à la fin, je l'attendais au tournant, j'appréhendais une fin capilotractée pleine de rebondissements irréalistes, ou encore une conclusion décevante tournée en eau-de-boudin. Que nenni, j'ai encore une fois été agréablement surprise par un scenario fort touchant et somme toute plausible.

    Le fond, c'est certes important, mais qu'en est-il de la forme ? Eh bien la forme n'est pas en reste. Moi la férue de littérature du XIXe siècle, je n'aime en général pas le style contemporain, souvent trop familier ou au contraire pompeux. Ici au contraire j'ai trouvé une subtile alliance entre un langage parlé réaliste et une narration au vocabulaire soutenu, le tout donnant un texte incroyablement vivant, émouvant et drôle…

    Finalement, c'est peut-être tout de même un coup de c½ur !

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