Les temps sauvages

(Ian Manook)

  Ma note : 11/20

  • Policier / Thriller
  • Bibli


    Après avoir placé la barre aussi haut avec Yeruldelgger, difficile pour Ian Manook de transformer l'essai pour son second volet.

    Sur le fond, mon avis est mitigé. Je n'ai pas trouvé l'intrigue aussi bien amenée que la première, avec des rebondissements par trop improbables et quelques coïncidences faciles qui m'ont agacée. Cela dit, l'ensemble se tient tout de même pas mal, et après tout un bon polar n'a pas forcément vocation à être plausible. En témoignent les qualités de super-héros de Yeruldelgger, que l'on retrouve également chez son alter égo Zarza ou chez la jolie mais très résistante Oyun. En parlant d'elle d'ailleurs, la manière dont l'auteur l'a fait évoluer dans ce volume m'a franchement déplu. Plus que son invincibilité – qui commence à devenir légendaire – c’est sa grotesque amourette qui m'a dérangée. Je ne peux pas adhérer à la facilité avec laquelle elle passe du stade d'écorchée vive à celui de midinette nymphomane ! Non franchement monsieur Manook, vous auriez dû faire taire vos hormones en ébullition sur ce coup-là !

    Les descriptions en revanche sont toujours aussi visuelles et enivrantes. J'ai notamment pu  juger de leur précision sur la scène d'action à Honfleur (ville chère à mon c½ur) qui est diablement fidèle à la géographie du lieu. Les steppes de Mongolie sont encore plus attirantes sous leur majestueux manteau neigeux ! Et la gastronomie n’est pas en reste. Je salive toujours autant devant la multitude de plats décrits au fil du récit - et à mon grand désespoir il ne semble pas y avoir de restos mongols à Paris. Je vais devoir planifier une virée à Oulan Bator pour aller déguster buzzs et autres kuushurs accompagnés d'un grand bol de thé au beurre !!!

    La forme par contre, m'a vraiment déçue. Ce qui faisait le charme du 1er opus tourne à la lourdeur ici. On assiste à un déballage en règle de titres de séries télévisées, de références hollywoodiennes et autres modèles de matériel (qu'apporte au récit le fait que la berline soit une Audi A8 ou que la tablette soit une Samsung Galaxy Tab ?). Mais surtout, surtout, où est passée la plume agréable de monsieur Manook ? Son maniement de la langue française est devenu très approximatif et les tournures maladroites côtoient de véritables fautes de français ! Exemple choisi :

    Le deuxième round s'annonçait aussi mal engagé pour l'un comme pour l'autre

    Ça ne va pas. Je ne voudrais pas jouer à la prof de français psycho-rigide, mais on dit soit : "s'annonçait aussi mal engagé pour l'un que pour l'autre", soit "s'annonçait mal engagé pour l'un comme pour l'autre". C'est comme ça. Et quand on fait autant de références aux grands de la littérature française (Hugo, Voltaire, Rabelais, Baudelaire...) on s'attache à écrire correctement il me semble !

    Ma critique est un peu virulente, mais c'est tout de même avec plaisir et engouement que j'ai retrouvé Yeruldelgger, Oyun, Solongo et les autres... S'il est nettement moins crédible (c'est peu de le dire !) que son prédécesseur, ce second volet des aventures de nos flics mongols préférés est tout aussi addictif ! C'est le genre de bouquin que vous avez envie de dévorer d'une traite, mais que vous vous forcez lire posément afin de ne pas perdre une miette d'information. Un bon page turner donc, mais qui n'arrive vraiment pas à la cheville du 1ᵉʳ tome.


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