Mes citations

Extraits de livres

La famille ! Thérèse laissa éteindre sa cigarette ; l’½il fixe, elle regardait cette cage aux barreaux innombrables et vivants, cette cage tapissée d’oreilles et d’yeux, où, immobile, accroupie, le menton aux genoux, les bras entourant ses jambes, elle attendrait de mourir.

Petite fille pratique, enfant ménagère, elle avait hâte d’avoir pris son rang, trouvé sa place définitive ; elle voulait être rassurée contre elle ne savait quel péril. Jamais elle ne parut si raisonnable qu’à l’époque de ses fiançailles : elle s’incrustait dans un bloc familial, « elle se casait » ; elle entrait dans un ordre. Elle se sauvait.

Saurai-je jamais rien dire des êtres ruisselants de vertu et qui ont le c½ur sur la main ? Les « c½urs sur la main » n’ont pas d’histoire ; mais je connais celle des c½urs enfouis et tout mêlés à un corps de boue.

D'après l'évêque [Ussher], Dieu avait créé le Ciel et la Terre dans la nuit qui avait précédé le 23 octobre 4004 avant J.-C.

C'était une idée trop radicale pour la plupart des gens. Même moi, qui m'estimais large d'esprit, j'étais un peu choquée de la prendre en considération, car elle sous-entendait que Dieu n'avait pas réellement réfléchi à ce qu'Il allait faire de tous les animaux qu'Il avait créés. S'Il était disposé à laisser des créatures disparaître sans sourciller, qu'est-ce qu'une telle indifférence impliquait pour nous ? L'espèce humaine allait-elle s'éteindre elle aussi ?

J'ai rencontré des tas de gens comme elle : des gens qui ont peur de ce qu'ils ne comprennent pas.

Elle éprouve un besoin presque douloureux de sortir, de voir autre chose que les quatre murs de sa maison, de sentir le monde, d'y évoluer. Parfois, elle se surprend à [le] dévisager lorsqu'il rentre de son travail, avec le monde extérieur qui paraît encore collé à sa peau. Elle a alors envie de s'approcher de lui, de respirer cette odeur, de humer cette vie citadine. Désespérément, elle voudrait se trouver ailleurs, n'importe où.

Ces derniers temps, elle est paralysée par la crainte de voir lui échapper ce qu'elle désire le plus – que sa vie commence, ait un sens, passe d'un gris terne à un magnifique technicolor. Elle redoute de ne pas reconnaître l'occasion qui pourrait se présenter à elle, de ne pas la saisir.

[...] les êtres humains ne peuvent s'empêcher de s'entraider. C'est instinctif. On peut en douter parfois, mais c'est la vérité.
Quand un randonneur se perd dans la montagne, les gens organisent et coordonnent des recherches. Quand il y a un accident ferroviaire, les gens font la queue pour donner leur sang. Quand un tremblement de terre rase une ville, l'aide afflue de toutes les régions du monde. C'est une attitude si fondamentalement humaine qu'on la retrouve dans toutes les cultures, sans exception. D'accord, il y a des connards qui se moquent de tout, mais ils sont noyés sous la masse de ceux qui se soucient de leur prochain. Voilà pourquoi j'avais des milliards de personnes de mon côté.
C'est cool, hein ?

Live Another Sol ferait un excellent titre pour le prochain James Bond.

Travis n'est pas méchant. Et moi je ne suis pas gentille. On est pareils : cassés et recollés après.

Je rêvais de pratiques nouvelles où les femmes auraient le choix du ventre et cesseraient de s'en remettre à la folie des hommes, ou même à la volonté de Dieu.

« L’histoire de notre profession est absurde. Au début du siècle dernier, aucun médecin sortant de la faculté n'était formé à l'obstétrique. Ceux qui désiraient apprendre l'art de l'accouchement et de la chirurgie gynécologique étaient instruits par une sage-femme. Cent ans plus tard, ces mêmes médecins nous interdisent l'usage des forceps ou de la césarienne, sous peine d'être emprisonnées, au prétexte inavoué que nous sommes des femmes, donc inaptes et ignorantes »

« Dieu n'a rien à voir là-dedans. Crois-moi. Les hommes sont assez stupides pour s'entre-tuer et martyriser les femmes. Et après, on comptera les morts sur le front en oubliant toutes celles qu'on a assassinées autrement. »

« Les promesses de la nuit sont faites de beurre, et fondent au soleil »

Toute une palette de couleurs sales, l'ocre jaune des maisons, le gris du béton, les teintes agressives des affiches, l'orange-rouge-vert des feux aux croisements, le camouflage marron-gris des tanks. La ville survivait à la guerre, toujours la guerre. Non, pas vraiment la guerre mais une après-guerre qui ressemblait encore à la guerre.

Naïm était à l'origine de tout, lui et ses désirs de vengeance. Elle ne savait plus si elle l'aimait à en mourir ou si elle le haïssait. Une partie de son âme l'accusait, l'autre l'excusait. Pour l'instant, il lui était impossible de faire la part des choses.

Notre seul bien sur terre ce sont nos ancêtres, nos racines. L'Irak a connu bien des vicissitudes, pas seulement ces dernières années. Nos aïeux ont eu à pâtir de l'occupation britannique puis des insurrections jusqu'à l'indépendance. Avec ta mère, nous avons vécu la montée du parti Baas, l'arrivée au pouvoir de Saddam Hussein, l'espoir qu'il fit naître. Il y eut même quelques années de prospérité grâce aux retombées financières du pétrole. Et, tout de suite après, la tyrannie. Tout le monde tremblait sous Saddam. On disait tout bas qu'avec lui on pouvait toujours améliorer le pire.

Ce qu'ils ignoraient tous, ou presque dans cette armée suréquipée, c'était l'importance des civilisations qui s'étaient succédé dans cette région qu'ils ravageaient. Connaître la différence entre les Perses et les Arabes n'avait pas fait partie de l'instruction militaire. On les avait débarqués dans le désert, remplis des certitudes de la propagande, la tête bourrée d'idées simplistes : à savoir qu'ici coulait l'or noir et que la région abritait des barbares qui en voulaient à l'Amérique.

Quel endroit singulier pour l'honneur d'une famille que l'entrecuisse de leurs filles.